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"Lez-La-Meute" (tranquille)
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7 octobre 2006

Mériter ...

loup17_jpgBonjour les p’tits loups,

Et oui, il fut un temps où nous n’osions pas même parler de mariage, et pensez donc, encore moins adopter des enfants, cela nous paraissait si inconcevable. Pourtant, les plus anciens d’entre nous se souviennent, et sans rien dévoiler à qui que ce soit de peur d'être pris en flagrant délit d'aimer la même personne que soi, nous espérions profondément vivre un jour et sans nous cacher, nos amours interdits. Nous étions heureux d'envisager qu'un jour enfin nous pourrions soulever la grande question du mariage à laquelle nous faisions souvent allusion. Sans trop y croire vraiment, nous la désirions si ardemment, cette union qui nous verrait sourire à notre prochain ou à des inconnus dans la rue, main dans la main, sans choquer, sans froisser, et surtout sans qu’aucune honte ne vienne s’afficher en face de nous. Nous étions si amoureux que nous en devenions vainement prétentieux. Mais nous y croyions tant parfois qu’il nous arrivait de nous représenter la bague au doigt, la famille réunie tout autour pour célébrer notre joie. Nous avions une vision de notre vie comme elle existe aujourd’hui, mais ailleurs que dans notre hexagone… Puis le rêve s’écroulait d’un seul coup, finies les belles envolées vers nos envies de tout partager, le monde et avec lui ses angoisses surgissaient tandis que nous devions à nouveau emprunter le chemin de la réalité. Pourtant certains d’entre nous osaient franchir quelques pas, ils se montraient laissant leurs doigts tendrement se frôler à l’abri des regards indiscrets ou simplement dans le noir d’une salle de ciné où nous souriions à ces amours que la vie nous avait destiné. Nous nous retrouvions entre nous, dans des lieux "privés" ou des bars, étudiants assoiffés mais seulement de refaire le monde … nous donnions libre cours à nos envies, espérant trouver dans nos discours celui qui nous libèrerait de ce carcan qui nous enserrait, et nous abordions l’amour avec tant de poésie qu’elle passait de l’un à l’autre de nos cœurs, le soir nous nous retrouvions pour offrir une fleur à la monotonie et à la rancœur qui nous dévisageait, enfin nous dessinions nos rêves sur les nappes en papier.
Oh oui, nous en avions des désirs, d’avancer pas à pas pour éviter de laisser les mauvais souvenirs s’accumuler et les poings se fermer sur nos avenirs, nous évitions les coups, et il en pleuvait … nous étions seuls et dépouillés, de vivre pour la cacher, notre Homosexualité. Pour tout dire nous en avons bavé …. démunis et longtemps appauvris, nous contentant de cohabiter avec nos parents, nos amis, mais plus encore en étant ignorés par une majorité de la société. 
Alors peu à peu nous avons cru en nous, nous avons défilé, et grandi puis nous nous sommes montrés de jour comme de nuit pour affronter les regards, les uns effrayés, d’autres effarés, en osant une main, un baiser, nous habiller comme bon nous semblait, nous franchissions un à un certains interdits, eux qui nous le permettaient de leurs regards attendris. Les années passaient et nous devenions de plus en plus nombreux à nous aimer, tout simplement parce que nous osions enfin faire face, et bien que l’on nous soupçonnait de tenir un rôle, nous allions faire de nos balbutiements amoureux qu’ils s’étiolent pour faire des heureux, nous allions faire de notre désir d’humanité qu’il s’affiche et de notre visibilité qu’elle ne passe pas inaperçue aux yeux des ringards avérés. Enfin, de longues années après avoir subi les trop nombreuses affres que les homophobes nous destinaient, nous essayons de rattraper le temps perdu, que nous soyons goudous, gays, trans ou bis.

Et voilà qu’aujourd’hui au 21ème siècle, quelques uns nous parlent de surenchère de l’homosexualité… disant haut et fort que nous ne valons pas cher, et ils font de la libre expression qu’elle aligne les raisons de nous détester. Il paraît même que nous abusons de nos désirs qui en sont pourtant toujours à leurs bredouillements, vu le temps qu’il nous faut pour le rattraper et être à égalité, nous abusons dit-on parce que d’acteurs nous sommes devenus actifs, après bien des récifs à traverser, après avoir été blessés, malmenés au plus profond, conspués, rejetés, déniés et trop souvent tués, nous qui sommes devenus au fil des ans ... une menace pour l’humanité par notre comportement. Oui, certains vont jusqu’à soutenir que nous sommes lobby, des consuméristes de trop de droits … mais après qu’on nous les ai spoliés depuis de trop nombreuses années, nous sommes des agitateurs, des provocateurs qui sèment la pagaille là où les ouailles vont chanter. Nous revendiquons trop … ce qui nous fut lésé, nous sommes des perdants tandis que nous devenons militants, et parce que devant nous se tiennent des réticents, ignorants de la vie et de l’air du temps, nous ne ferons jamais partie de ce qui fait avancer la société.

C’est là où le bât blesse messieurs les conquérants du néant, qui ne voyez en nous que des loups-garous, nous sommes des enfants nés tout comme vous, des p’tits loups, ce que vous avez tendance à oublier, des personnes qui ne désirons pas entrer dans ce faux débat dans lequel vous voudriez nous enfermer, un débat ouvert à présent, et qui est bien représenté… par des milliers, des millions d’entre nous qui n’hésitons plus à nous lever, découvrant nos visages ... autrefois masqués. 

Nous sommes une existence qui s’est mise en mouvement pour contrer les mouvements qui nous relèguent au dernier rang ….

Bien à vous messieurs et dames les bien-pensants….

Et douce journée à vous les p’tits loups.

Samie Louve

P2210097

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Commentaires
M
Dans tout ça, rien ne dit qu'il est illégal de se marier, c'est le comble ! Mais faudrait qu'on paye je ne sais plus combien de milliers d'euros...<br /> ça, c'est un peu discriminatoire...<br /> Bizz Samie,<br /> Marc & Yves
"Lez-La-Meute" (tranquille)
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