Tous Pareils tous différents .. deuxième !
Deuxième jour en compagnie de "Tous Pareils, Tous Différents" ... et pour vous décrire les instants passés auprès d'êtres charmants, d'adolescents pertinents, toute un vie pleine de sens, d'humour, de tendresse à partager mais dont la plupart ont souffert du regard d'autrui... deuxième jour auprès de leur accompagnateurs , des êtres exceptionnels ... mais également les associations répondant toujours présents afin de se trouver à leurs côtés.
C'est parti ...............
« Je n’ai jamais eu honte car cette séropositivité n’est pas une maladie honteuse … » Patricia.
« On se moque de nous parce qu’on est dans un établissement spécialisé » …. Parole d’adolescent atteint de handicap.
« J’aime pas qu’on me traite de mongolien, je ne suis pas un bon à rien » réflexion d’adolescent également atteint de handicap.
« Tant que tu vas bien, t’es le bon pote, quand t’es malade, t’es plus rien » Ludovic.
« Mets-toi à ma place et on verra après » Aourgen.
« Si on ne réponds pas à un type donné, on est exclu » Jean.
Voici quelques unes des phrases prononcées par des êtres mis au rebut, délaissés … au final, mal dans leur peau … et bien que suivis pour les enfants dans des centres ou écoles spécialisés, ou souhaitant toujours sortir de leur marasme pour les adultes, la vie n’est pas toujours facile à affronter quand le regard pesant de quelques uns se posent sur eux, lourds de questions, voire d’irrespect à leur égard.
Enfants, adultes, adolescents …. Toutes ces personnes croisées de Janvier à Mars lors d’ateliers d’écritures mis en place par l’Association « Tous Pareils, Tous Différents » avec pour maître d’œuvre Saad… toutes ces personnes dis-je, nombreuses à avoir suivi ces ateliers, se sont exprimées sur ce qu’il ressentent comme un fardeau. Les à priori, mais non seulement, les injures et ce qui en résulte.
C’est ainsi que … j’ai pénétré avec d’autres yeux dans un monde peu connu de la majorité d’entre nous … Le monde du handicap, celui des sans domicile fixe, mais aussi celui de l’addiction et de ses ténébreux mystères … j’y ai croisé dans ce monde côtoyé par des êtres merveilleux des gens de couleurs nés en France ou dans un autre pays mais vivant chez nous, ici … j’ai discuté avec des êtres atteints par la maladie, des personnes dont le comportement différent de celui d’autrui ne fait pas bon ménage avec la routinière petite vie tranquille de monsieur et madame Tout le Monde gêné lorsqu’il les regarde passer, mais j'ai côtoyé celui des gens du voyage également. Toutes et tous avec leurs différences avaient ce même regard, hagard parfois vide … un même cri quelques fois hurlé face à l’insipide, l’irrespectueux visage de l’inconnu prétentieux de l’être dit humain face à d’autres êtres humains dont ils ignorent le chemin tortueux parcouru depuis … depuis l’accident de parcours ayant fait d’eux des êtres différents de nous ! Mais toutes et tous avec la farouche volonté de lutter contre les préjugés qui leur font tant de tort.
Des êtres comme vous et moi, aptes à comprendre pour la subir cette indifférence latente ou brusquement posée sur eux par un flot de paroles vexantes, des gestes irrévérencieux … une certaine violence dont eux seuls connaissent la contenance. Face à ce regard d’autrui et las de supporter les vexations, l’impertinence qu'ont certains d’entre nous envers ces êtres tout aussi amoureux de la Vie que n’importe lequel d’entre nous, parfois de la pitié dont ils n’ont que faire tant cette dernière de façon particulière leur nuit !!! Du délit de faciès au jugement négatif sur les capacités qu’ils ont d’en être réduits à l'état d'infériorité souvent du fait de leur handicap ou de la maladie qu'il leur est rappelé sans cesse, de la simple incompréhension, j’ai durant ces quelques jours partagés avec ceux qui sont devenus des amis au fil des jours, tout l’amour du monde dans quelques mots, avec des gestes amicaux, des sourires ... dans cette immensité de déférence que toutes et tous étions venus chercher auprès d’eux, nous avons cherché à comprendre le pourquoi de cette indifférence, de la violence parfois à leur encontre, les forçant hélas à vivre en marge de notre société ou de ce que toutes et tous considérent comme telle.
Quelques semaines auront suffi à comprendre le mal être … les ressentiments de ces personnes croisées le long des jours où nous demeurions ensemble afin de simplement échanger mais plus encore nous solidariser et comprendre leur profonde solitude pour beaucoup trop d'entre eux.
Ce fut ma première fois à la Bibliothèque de Jurançon, mais aussi dans une IME, école spécialisée de Jurançon, comme dans ce bar associatif connu de la ville de Pau « L’entretemps » où le besoin de partager se fait sentir … tout comme auprès de ce collège de Pau qui nous a accueilli mes amis et moi dans le cadre de « Tous Pareils Tous Différents » … croyez-moi, des journées comme celles là valent leur pesant d’or et les quelques heures passées entre nous furent une de mes plus belles récompenses.
Je termine pour aujourd’hui les P’tits loups, ce face à face avec l’indifférence vis-à-vis de la Différence que nous pouvons avoir envers des êtres magnifiques qui ne demandent pas l’aumône … mais simplement un peu de réconfort mais plus encore, « qu’on ne les traite pas de n’importe quoi, pas même de mongolien, ni de rien … ni même d’imbéciles," mais que l’on fasse preuve de "curiosité" à leur égard .. que nous allions à leur rencontre comme Saad, Hicham, Delphine, Laeticia moi et tant d’autres l’avons fait !
Une petite poésie pour accompagner cette journée … Je vous dis à demain.
Poésie tirée de l’Atelier d’écriture Projet « Tous Pareils, Tous Différents » IME Castel de Navarre, Réseau des Bibliothèques, Association Frères de Son …. Mise en musique par le groupe rap Ultim System.
"C’est un bus comme les autres cet Iveco
Nous sommes comme les autres malgré ce logo
On ne va pas au collège ordinaire
Parce qu’on a du retard scolaire
Mais on est normaux
La preuve, on sait faire du vélo
Ce n’est pas parce qu’on a des soucis
Qu’on est des abrutis
Ce n’est pas parce qu’on a des problèmes
Que tu dois nous taper sur le système.
Quand on ne sait pas marcher
On est handicapé
Il ne faut pas se moquer
C’est de la méchanceté
On ne sait pas bien lire et ça nous fait pas plaisir
Il faut accepter le retard des autres, sans rire.
J’aime pas qu’on me traite de mongolien
Non je ne suis pas bon à rien
Je ne suis pas un abruti
Est-ce moi ou celui qui le dit
On me traite de trisomique
Mais ce sont les gens qui disent ça qui ont un cerveau microscopique
On me traite d’imbécile mais je ne suis pas inutile
On ne peut pas nous juger, sans faire preuve de curiosité."
Samie Louve.