La porte du Temps,
J’ai franchi la porte du temps sur le sentier où s’engagent les amants, fermé les yeux sur chacun des instants qu’il m’offrait de goûter précieusement. Auprès de cette nature dépouillée mais de si vive allure m’entourant de tous côtés, la terre devenue dure à force de piétinements m’ouvrait un chemin honorant ma présence. Sous cette haie d’arbres de bordure que j’empruntais le cœur léger, une douce lumière tendrement orangée, les ombres ressuscitées des longues ramures fièrement élancées qu’un ciel azuré caressait tendrement. De chaque côté de cette laie foulée maintes fois, battue par les rêves de doux discrets ou d’animaux aux abois, quelques arbrisseaux grimpant sur de faibles coteaux. Amas épars ou lourdement entassés sur un sol empesé, les feuilles mortes couvraient de jeunes pousses attendant du printemps son épaisse et ardente clarté. Des touffes d’herbes vivaces poussant çà et là donnaient de la vigueur à ce bel apparat. Promeneuse sur le sentier des amants, je respirais dans la douceur de cet après-midi là les prémices d’un printemps et de ses doux encens.
Samie Louve.