Le féminisme a de grands jours devant lui ...
Le monde des femmes est sous surveillance constante, voilé, cerné, barricadé quand il n’est pas roué de coups, défiguré par celui des hommes qui prennent un malin plaisir à le réduire plus encore, quand ce n’est pas à néant, lorsque l’une ou plusieurs d’entre elles tentent de forcer les limites qui leur sont imposées par ceux-là même qui se sont emparé de leurs destinées. De femmes elles sont devenues esclaves, spectatrices du mauvais sort qui leur est réservé depuis que le régime islamique dicte sa loi dans de nombreux pays de cette foi dédaigneuse de leurs émois. Nous en entendons peu parler dans nos quotidiens français, de celles là qui défient les lois archaïques de leurs pays, condamnées au silence, dans les prisons où elles sont transférées, elles parviennent tout de même et courageusement à faire parler d’elles, de la lutte qui est la leur et celles de leurs sœurs emprisonnées. Oser braver la loi du plus fort… de celui qui règne en maître, édicte la mort dans un islam radicalement islamiste, une jeune féministe de 28 ans en a fait les frais et se retrouve condamnée pour avoir réclamé avec quelques autres féministes, le droit d’être spectatrices de leur sport national. Encore une fois hors jeu les féministes d’Iran… mais il ne sera pas dit que ces faits seront tus par les féministes femmes ou hommes de ce pays. Bravo à vous mesdames pour votre grand courage.
Que la journée vous soit douce les p’tits loups,
Samie Louve.
Pour des féministes iraniennes, la liberté, c'est un match de soccer
Des féministes iraniennes réclament le droit d'être spectatrices de leur sport national.
Le principal stade de soccer d'Iran, le stade Azadi («liberté» en français), à Téhéran, porte mal son nom. Les adeptes féminines du célèbre jeu de ballon ne sont pas libres d'y entrer pour voir des matchs. Mais ce n'est pas faute d'avoir essayé.
Depuis 2005, la jeune féministe Nasrin Afzali se bat aux côtés de plus de 300 femmes iraniennes pour faire tomber la règle qui, depuis la révolution islamique de 1979, leur interdit de voir leurs joueurs de soccer préférés en muscles et en os.
La raison? «Les autorités disent que ce n'est pas bon pour des musulmanes de voir le corps des hommes», explique avec un sourire moqueur la journaliste, blogueuse et militante des droits des femmes âgée de 28 ans.
De passage à l'Université Concordia hier pour assister à une conférence sur le rôle du sport dans les luttes des femmes musulmanes, Nasrin Afzali, qui vit à Téhéran, a pu expliquer comment le voile islamique a servi la cause qui lui tient à coeur en se transformant en objet de militantisme.
Lorsqu'elles ont essayé pour la première fois d'entrer dans le stade Azadi, en 2006, les militantes ont appris à leurs dépens que les gardes du stade n'entendaient pas à rire. Elles ont été encerclées, battues à coups de bâtons, et leurs pancartes ont été détruites.
La deuxième fois, les gardes ont demandé aux protestataires de monter à bord d'un autobus qui devait les conduire à l'intérieur du stade Azadi. Elles se sont cependant vite rendu compte que c'est vers la place Azadi, à des kilomètres de là, que le véhicule les menait.
La troisième fois, les manifestantes ont eu l'idée de faire du voile islamique, qu'elles sont obligées de porter, des pancartes. En rouge, elles ont écrit sur les foulards blancs: «La moitié du stade Azadi est à moi.» Elles ont encore eu droit à une bonne bastonnade, mais les gardes n'ont pu leur enlever leur voile et leur message a été entendu. La société iranienne a été saisie du débat.
Nasrin Afzali et ses comparses ont d'ailleurs connu leur heure de gloire quand le cinéaste iranien Jafar Panahi leur a dédié le prix qu'il a remporté au festival de Berlin pour le film Offside, racontant l'histoire d'une jeune femme qui se déguise en garçon pour assister au match entre l'équipe nationale de soccer de l'Iran et celle de Bahreïn.
Les revendications des femmes aux foulards blancs ont même réussi à ébranler le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Ce dernier, connu pour ses positions ultraconservatrices sur la place des femmes dans la société (il a déjà suggéré de rendre les trottoirs unisexes), était prêt à ouvrir les portes du stades aux femmes. Mais il a été rappelé à l'ordre. Des ayatollahs, qui ont un droit de veto sur les décisions du président, ont invoqué la loi islamique.
Nasrat Afzali ne baisse pas les bras pour autant. Le combat se poursuit sur des sites web, à la radio et sur les chaînes de télévision satellite de Los Angeles, auxquelles les Iraniens ont accès.
Tout ça pour l'amour du soccer? «Non, je déteste le soccer! laisse tomber la journaliste iranienne. Mais la ségrégation des sexes est une des politiques centrales du régime islamique. Nous avons pensé qu'un des meilleurs symboles pour représenter notre opposition est le stade. Ça nous a permis aussi de rallier les adolescentes, qui ne s'intéressent pas particulièrement aux droits des femmes, mais adorent le soccer.»
Le sport politisé
L'Iran n'est pas le seul pays musulman où le sport est devenu une question politique, signale une des organisatrices de la conférence qui a eu lieu à Concordia hier après-midi, la sociologue Homa Hoodfar. «Plusieurs pays musulmans sont aussi des dictatures. Le sport ouvre aux femmes un nouvel espace démocratique», précise-t-elle. C'est le cas en Égypte, au Nigeria et au Soudan, notamment.
Par ailleurs, l'universitaire rappelle comment le ballon a rebondi jusque dans la cour du Québec l'an dernier lorsqu'une jeune joueuse de soccer a été expulsée d'un match parce qu'elle portait le hijab. «Quand de jeunes femmes portent le hijab au soccer, elles mettent de l'avant leur identité de musulmane, certes, mais elles s'opposent aussi à la tradition qui voit d'un mauvais oeil les femmes qui font du sport.»
Laura-Julie Perreault pour http://www.cyberpresse.ca