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"Lez-La-Meute" (tranquille)
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23 juillet 2007

La louve et le vent ...

2_20loups_20blancBonjour les p'tits loups,

J’hurlais à l’orage qui faisait rage aux abords de la tanière où les p’tits loups dont je suis la mère se plaignaient de bien belle manière pour m’accompagner……… waouhhhhhhhhhhhhh s’écriaient-ils longuement, la tête hors du gîte confectionné hâtivement avec mon compagnon de misère. Les temps étaient rudes sur cette Terre depuis que l’homme avait dressé des barrières en séparant l’un après l’autre tous les paysages qu’il s’appropriait. Aux limites de chacun d’eux il y déposa des frontières, y installa des barbelés auxquelles nos pelisses s’accrochaient ouvrant sur nos corps de larges plaies. Seuls les grands solitaires osaient s’aventurer sur les plaines peu arborées où leur pitance paissait sous le regard bienveillant d’un cousin éloigné, que l’on appelle chiens de berger ou plus prosaïquement, patous des Pyrénées ! Ces parents nous devenaient familiers, bien plus corpulents que nous, ils se montraient avisés, mais plus que tout ils étaient bien nourris quand nos estomacs se fermaient chaque jour un peu plus. Si nos amis les loups, de toutes nationalités étaient rusés, ces chiens là aussi avaient du flair et l’oreille si fine qu’un sourire dans la brume les interpellait. Ils aboyaient alors avec insistance d’une voix lourde qui réveille les consciences. Celle du berger en l’occurrence qui s’armait aussitôt d’une machine à tuer servant aux coups de semonces mais aussi à déchiqueter les plus hardis, les plus affamés d’entre nous.

L’orage faisait rage cette nuit-là, le vent était si agité qu’il emportait mes hurlements dans ses vastes tourments, il s’agitait si fort autour de moi et d’une telle violence qu’elle me parlait.

Nous hurlions mes petits loups et moi à cette circonstance que le ciel m’imposait. Les oreilles rejetées en arrière, je n’entendais plus que murmures, que plaintes se mouvant dans cette niche où je pleurais au vent ; j’étais désorientée jusque dans mes entrailles quand dans un éclair fulgurant j’assistais aux funérailles du père de mes enfants. Il revenait au bercail, le corps ensanglanté, transpercé par les dizaines de grenailles que le fusil avait craché….

Nous étions affamés, et pas la moindre provision ces jours derniers jours pour les p’tits loups qui nous accompagnaient, j'étais trop lasse pour aller chasser.

Il connaissait les dangers de ces grands prés où l’homme et son troupeau sont installés… pourtant il a osé, se souvenant de son âme d’aventurier, pour eux, pour moi… franchir le pas !

Pas de sépulture pour ce mâle de belle envergure que je laissais sur place… comme beaucoup de notre race, il est mort pour avoir bravé le sort que nous réserve l’homme !

J’ai peur … depuis … oh…. non pas de l’orage duquel je me mets à l’abri en hurlant à mon tour, mais bien du vent lorsque je l’entends souffler sur moi ses mauvais présages.

Que la journée vous soit douce les p’tits loups.

Samie Louve.

loupDidier

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