Mon enfant....
J’ai tenté de dissiper le mirage qui s’installait derrière l’image que je me fais d’elle. Pour cela j’ai fait appel à ma mémoire, à ces désirs toujours plus forts qui me poussent à la voir. Elle, que je recouvrais de mes empreintes et de mes baisers un matin d’Avril, le jour où mon ventre largement arrondi, décida de se libérer de ce poids de l’amour que j’avais emmagasiné … pour elle. Je la regarde mais je ne la vois pas, elle que j’imagine si vraie aujourd’hui, elle qui me fuit depuis… depuis tant de temps qu’il me reste pour seules traces mes tourments ! Elle doit être grande maintenant, de cette majesté qu’ont les femmes après avoir aimé et permis à d’autres enfants de voir le monde différemment, elle doit être belle, de cette beauté suspendue aux heures que je ne compte plus de peur de la blesser, des émotions minutées qui s’accrochent en pesant sur mon cœur de mère démunie. J’ai pensé faire le voyage qui nous sépare en vérité de toutes voies lactées… celui qui ne laisse plus rien aux humains si ce n’est le souvenir empoussiéré, accroché à un mur où les regards ne sont plus attirés. J’ai songé à tant de choses depuis qu’elle est partie que je ne me sens plus au paradis tel qu’elle me l’avait dessiné sur sa feuille de papier, toute enfant. Une feuille elle aussi érodée par le temps, jaunies dans le creuset que mes larmes ont rempli. Petite fille, mon aimée, comme ce temps a fui, sur moi, sur toi… sur ces tendres serments que nous faisions passer de tes risettes à mes sourires attendris. Je ne regarde plus en arrière, je ne vois que devant en promenant la solitaire qui vit en moi, en découvrant tous ces instants où je regrette de n’être plus une maman.
A toi ma fille… que je suis de loin en loin, de mes rêves de guerrière à cette vie que j’ai choisie pour en faire un enfer… loin de toi !
Belle et tendre journée à vous les p’tits loups.
Samie Louve