Sans Domicile Fixe si ce n'est celui de ......
En pesant sur le jour qui rêve de briller ailleurs, l‘obscurité me séduit et s‘avance sur moi m‘enfermant dans la douce torpeur où se réfugient mes émois. A pas comptés que les aiguilles font tourner, ou bien mon coeur qui sait, elle s‘installe en déposant sur mes épaules recouvertes de pâles effets, sa surprenante et ténébreuse fixité. Charmée par son silence et cette ombre qu‘elle vient jeter sur ma paisible destinée, je vais dans sa noirceur me fondre et faire de son éternité qu‘elle efface un à un mes préjugés. Noble présence qu‘un aura de lumière rend visible à mes yeux faiblement agités, me donnant l‘illusion d‘être encore éveillée.
Tant d‘êtres l‘ont croisée assombrissant sa triste renommée que je frémis soudain à son voeu de me voir par elle emportée. Ce vertige passé, je serre alors ma peur entre mes doigts croisés, et, donnant à mon souffle la voix qui lui manquait, je fais le vide autour de moi et tente dans un cri d‘éloigner la vision que l‘on me fait de ce trépas. Elle est si profonde cette nuit et d‘une telle intensité qu‘elle déverse dans ma ronde muselée le sort qui va me ligoter à son humeur empesée. Je la laisse venir à moi cette projection que je me fais de la mort tandis qu‘elle me cerne jusqu‘à m‘envelopper, laissant à ma pensée le soin d‘imaginer cette errance surdimensionnée, me donnant tort de la craindre et de m‘en priver. Elle n‘est plus à mes trousses comme il m‘avait semblé, au tout début lorsque les forces me quittaient et que sournoisement elle me guettait, cachée sous sa funeste vérité, une faux à la main pour creuser le goudron que j‘avais sous les pieds.
Loin d‘être emprisonnée dans cette lueur opaline, je me sens libre alors et sans le moindre effort, légère, comme éthérée, j‘avance vers ce tourbillon de luminosité qu‘elle compose afin que je sois rassurée.
J‘étais couchée sur un trottoir cette fois là ou dans une voiture ou dans un coin obscur, je ne sais pas je ne me souviens plus, ce que je sais c‘est qu‘il faisait très froid.
Belle et douce journée à vous les p‘tits loups, couvrez-vous bien.
Samie Louve