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"Lez-La-Meute" (tranquille)
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20 octobre 2004

Bonsoir les p'tits loups, Je suis assise,

 

Bonsoir les p'tits loups,

Je suis assise, calmement penchée, à ne penser qu'à nous, à ces problèmes qui nous concernent encore et toujours, que dis-je à nos difficultés rencontrées, du jour où bien décidé(e)s, nous avons eu à dévoiler notre sincérité. Nous ne serons jamais des héros, j'en veux pour preuve ces filles ou ces garçons qui, le visage tuméfié, le corps et le coeur mis à vif, traumatisés à vie parce qu'un abruti un jour les a croisé sur son chemin ! Je ne peux que m'offusquer devant cette agressivité gratuite, que nous payons si cher... jusqu'à la mort trop souvent. Mais nous ne sommes pas non plus des zéros, il est hors de question que je me taise dorénavant, que je courbe l'échine parce qu'en face de moi on menace et on frime. Il est plus que jamais de mon devoir de tenir le langage clair et mobilisé contre la race d'homophobes d'où qu'elle vienne, des crétins amassés dans quelques quartiers mal famés ou de ceux plus huppés qui vivent dans leurs prisons dorées pour faire taire la Louve. Leur message est le suivant : s'il y a regain d'homophobie, la faute en revient à nous les trans, les bis, les homos du fait de nos revendications, de nos "ghettos", de ce que nous sommes une minorité. Que font-ils de nos désirs d'humanité lorsque défilant chaque année " fagotés d'une plume au cul" (comme m'a exprimé l'un d'eux), lors de nos défilés gays, nous attendons du monde entier, des médias, de toutes les mentalités qu'elles assistent non à un rassemblement de dépravés mais bien d'êtres humains venus revendiquer le simple droit de vivre sans reproche et sans peur qui vienne nous frapper. Je n'ai plus envie de pleurer, de subir ni même de rêver quand en face de moi se trouvent des indignés, des précurseurs qui font de nous non plus des victimes mais des oppresseurs de leur humanité.

Je vous le dis, la vie n'est pas ce qu'ils veulent nous faire croire... il n'y a pas de cause plus noble que celle de vivre en liberté dans un pays qui a lutté, souffert, saigné... pour l'obtenir et en toute équité.

Je pars en croisade contre les imbéciles et les méchants, les rancuniers et les jaloux, les frimeurs de leur coeur qui croient nous atterrer en faisant pression sur les larmes que nous avons versées, les souffrances déjà endurées.

Je vous souhaite une douce et paisible nuit les p'tits loups... aimez, soyez aimé(e)s, mais plus que tout pensez à vous et protégez vous !!!

Samie Louve



SERGE SIMON ENGAGÉ VOLONTAIRE
par Emmanuelle COSSE

De Serge Simon, retraité des mêlées et aujourd'hui médecin, on pourrait avoir l'image d'un grand costaud jovial, surfant sur son passé rugbystique glorieux (ancien international, champion de France de rugby en 1991 et en 1998). Mais Serge Simon est tout le contraire. Doux, parfois timide, pas sûr de son charme, l'homme au corps de brute dévoile une fine intelligence. Son propos est précis, pensé, réfléchi. On avait gardé un souvenir ému de ses prouesses sur le terrain ou de son attitude décalée sur les plateaux de France 2 lors de la Coupe du monde de rugby. Mais la surprise fut grande lorsqu'on le vit, le 5 juin dernier, à Bègles, aux prises avec des opposants au mariage homo. Il était venu en voisin soutenir son copain Noël Mamère pour ce " moment historique ". Il en repartira éberlué par la haine antipédés. Alors, il revient à Bègles lire les milliers de courriers reçus par la municipalité. Il est resté " comme un chien devant une bécasse ", sonné par " cette bestialité hallucinante ". Antisémitisme, éloge de la solution finale, racisme, allusions zoophiliques, mais aussi excréments, voilà ce que contenaient ces lettres. Il ne soupçonnait pas l'existence d'une homophobie si " éhontée, assumée ", même s'il est issu d'un monde sportif construit sur le culte de la virilité et où l'on " rejette allègrement les pédés ". Surtout qu'après une discussion avec un ami gay Serge Simon, qui se considère comme un homme de gauche ouvert, se rend compte que lui-même use de bons mots du genre " On n'est pas des pédés ! ", et autres blagues sur les " tarlouzes ". Ultime choc : " Si, à l'époque, j'avais remplacé le mot "pédé" par "juif" ou "Arabe", j'aurais trouvé ces propos inacceptables, ce qui n'était pas le cas. Je n'avais jamais eu cette image de moi... J'ai dû en abÎmer quelques-uns avec mes conneries. " Après la remise en question, il est temps d'agir : " Je ne veux pas me reprocher plus tard d'avoir laisser passer des choses qui me révulsent. " Serge Simon décide donc de publier un recueil de ces lettres terribles pour dénoncer la " haine ordinaire ". Il croit au " devoir d'engagement " lié à son statut de sportif de haut niveau. " Un sportif doit faire autre chose que de vendre des lessives ou de l'électroménage : Notre petite notoriété nous impose plus de devoirs qu'à un quidam. De ce point de vue, le silence de certains est vraiment assourdissant. " Pas de hasard dans tout cela. L'univers de Serge Simon, c'est un grand-père qui a fui en 1936 l'Italie fasciste pour Nice, une famille où les débats opposaient " l'aile gauche du Parti communiste à son aile droite ", l'ambiance des commerces de fleurs tenus par ses parents, la passion paternelle pour l'accordéon, et les terrains de rugby où il connut la gloire. À 37 ans, ce symbole de l'hétérosexualité veut " apporter [sa] pierre à l'édifice " de la lutte contre l'homophobie. Sa seule crainte est que les militants traditionnels " pensent à tort qu'[il s']accapare ce combat ". Cet engagement n'est pourtant ni démago ni un tremplin pour d'autres ambitions. Il vient de la conviction qu'il ne faut pas rester passif face à la haine de l'autre. Serge Simon assure ne pas vouloir en rester là. Chouette, un nouveau camarade de lutte !
EMMANUELLE COSSE
PHOTO YENO POUR "Têtu"

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