Encore et toujours se battre ...
Depuis 1998 une femme se bat pour que l’on reconnaisse ses droits. Emmanuelle B est une institutrice chez qui l’orientation sexuelle pose problèmes au Conseil Général du Jura dans un premier temps… Sa patience est mise à rude épreuve et combien sommes nous dans ce cas à nous sentir trahis ! Mais de cela nous sommes habitués nous tous qui nous battons pour que l’on nous reconnaisse comme étant les égaux de nos pairs. Que nous ayons enfin accès à cette légale égalité qui nous est si chère, quant à la succession, l’adoption, le droit d’élever nos enfants ou ceux qui sont à venir qu’il s’agisse du Pacs ou bientôt je l’espère de tout cœur dans un futur proche, de pouvoir nous unir, pour celles et ceux qui le souhaitent … Bref, vivre « normalement » dans une société qui régit des règles selon des normes édictées par et pour nos amis hétérosexuels. Voilà une femme qui se bat depuis bientôt dix ans, dix longues années. Elle se démène depuis son refus en 98 par le Conseil Général du Jura d’agrémenter l’adoption qu’elle a proposée, et qui lui a été refusée une première fois pour les motifs évoqués suivants constituant pour lui, un " défaut de repères identificatoires dû à l'absence d'image ou de référent paternel" et une "ambiguïté de l'investissement de chaque membre du foyer par rapport à l'enfant accueilli". Ce refus ayant été annulé par le tribunal administratif en Février 2000, sa décision fut cassée à son tour par la cour administrative d’appel de Nancy en décembre 2000. Ne reste pour Emmanuelle B. qu’à déposer un ultime recours devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, ce qu'elle fait en 2002. Après avoir été examiné par la grande Chambre composée de 17 juges, qui avait déjà statué en 2001 dans un dossier similaire opposant l’état français à Philippe Fretté, ceux-ci avaient reconnu que bien que le refus d’agrément constitue une discrimination, celle-ci n’était pas incompatible avec un Etat démocratique. Quelques années à vivre un enfer pour cette femme qui s’est vue déboutée et tente à nouveau l’impossible. Après avoir porté cette affaire devant la CEDH Caroline Mécary son avocate estime que l’argument de la Cour à cette époque « n’est plus valable » et pense qu’ "Aujourd'hui, nous disposons de nombreuses études scientifiques sur le sujet. De plus, plusieurs pays européens autorisent l'adoption par des couples de même sexe".
Espérons qu’enfin au bout de toutes ces années à se battre Emmanuelle B sera entendue et verra son désir se réaliser, que la France en toute humilité tiendra compte de cet amour de femme et de mère, quelque soit son orientation sexuelle, devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui statuera, le 14 Mars 2007.
Belle et tendre journée à vous les p'tits loups.
Samie Louve
Source : http://www.tetu.com