Fannyann ...

Bonjour les p'tits loups,

La mémoire se doit d’être entretenue pour toute minorité quelle qu’elle soit, surtout lorsque celle-ci subit la discrimination de manière insoutenable… La nôtre a du affronter bien des souffrances et des déboires au fil du temps et se contenter des miettes de respect que l’on appelle tolérance, ce que la plupart des gens croit être la panacée, parce qu’ils pensent qu’en fermant les yeux sur nous, ils oublieront jusqu’à notre existence…  en supposant avoir compris notre amour qui, s’il n’entre pas dans les « normes » n’en est pas moins réel et sincère, tandis qu’ils sont incapables au fond de nous accepter tels que nous sommes nous les LGTB. C’est le cas pour trop de gens qui n’ont que faire de nos histoires de cul, et dont le langage à notre égard est vide de sens, seul importe à leurs yeux et à leurs nez, le fait que nous ne venions pas les importuner dans leur petite vie de tous les jours et dans leur sacro sainte façon de la diriger. Ceux là ne s’inquièteront jamais et ne feront même pas l’effort de nous comprendre….  En fait, ils vont où va le vent… qu’ils soient mauvais ou non, pourvu qu’ils ne soient pas inquiétés. Et puis il y a les purs et durs, ceux  qui ne voient et ne verront en nous que des pervers, bons à « polluer » comme disent certains, ce sont des plus redoutables car ils sont le jour et parfois la nuit, ils décident et savent faire passer le message des interdits, qui s’appliquent à dénoncer de façon malléable à ce que la violence verbale ou physique s’abatte sur nous de façon modérée mais toujours avec fermeté, pourvu que nous y goûtions, des fois que cela nous fasse changer d’avis sur notre manière d’exister. Il en est ainsi de l’ignominie ou de la torture, qu’elles soient encore une fois, morale ou physique, elles qui attendent de la mort qu’elle fasse taire le souvenir de celles et ceux qui ont eu à l’endurer de la manière la plus indicible qui soit. Et pour ne pas oublier combien nous avons raison de lutter, je voudrais revenir sur la mort… de l’une d’entre nous, lesbienne et mère de famille,  retrouvée assassinée dans la nuit du 29 au 30 Septembre 2004, à Freetown, dans une ville qui comme son nom ne l’indique pas, n’est pas de toutes les libertés et où il ne fait pas bon dévoiler son homosexualité. Cette jeune femme était maman d’un enfant de 10ans, elle était aussi l’une des responsables de l’association des lesbiennes et gays de Sierra Leone (SLLAGA), elle avait 30ans, et luttait avec courage pour la défense des homosexuels de ce pays qu’elle aimait tant. Fannyann Eddy avait témoigné devant la Commission des Droits de l’Homme à l’ONU dans le cadre de sa 60e session en Avril 2004.
La mort de Fannyann Eddy, a soulevé cette année là l’indignation et la tristesse au sein de nombreuses associations et de l’organisation humanitaire Human Rights Watch. Mais qui s’en souvient aujourd’hui, ainsi que dans son pays qu’elle aimait tant….  Et combien sommes-nous à savoir ce que les femmes et hommes endurent, eux qui sont prêts à sacrifier jusqu’à leurs vies pour nous aider à croire qu’un jour, peut-être nous serons toutes et tous appelés à vivre en communauté… vous savez, celle où il n’est plus nécessaire de tuer pour apprendre l’amour.

Bien à vous les p’tits loups, douce et heureuse journée.

Samie Louve.

FannyAnn Eddy, fondatrice et militante de l’Association lesbienne et gaie de Sierra Leona (SLLAGA) a été assassinée le 29 septembre dernier. Les meurtriers ont pénétré par effraction dans les bureaux de SLLAGA à Freetown tandis qu’elle était seule. Ils l’ont violée et lui ont brisé le cou. Plusieurs sources voient dans cet assassinat un crime homophobe.

Source : http://www.sisyphe.org
                 http://www.tetu.com

Comments

[Marie Zim]

Il est INSUPPORTABLE de se dire que l'on tue, que l'on viole, que l'on torture, uniquement parce que les idées ou la façon de vivre des uns importunent les autres...
Mais c'est malheureusement la triste réalité...
Et cette réalité là me bouleverse et me révolte.

A mon petit niveau, je vois tant d'intolérance, que je me dis qu'il y a du chemin encore à parcourir avant que les hommes se donnent la main, comme dans ton si bel article d'hier Samie !
Pourtant, je crois si fort en l'être humain ! Ceux qui sont capables de tant d'ignominie et de cruauté, il me semble que ceux-là ne comprendront jamais...

Merci Samie de rappeller l'histoire terrible de FannyAnn Eddy, son courage et son engagement.
J'avoue bien humblement, que je ne connaissais pas son nom.
Aujourd'hui si... et de parler d'elle, c'est une belle façon de lui rendre hommage et de ne jamais oublier que des personnes meurent pour leurs idées...