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"Lez-La-Meute" (tranquille)
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24 janvier 2006

Mon amie, ma soeur....

amours_de_loupsBonjour les p'tits loups,

J'ai souvent croisé la beauté, marchant nus pieds sur une terre aux couleurs épicées. D'une fuyante allure à la grâce drapée qui rassure sa féminité, elle effleurait mon coeur en déposant sur mes yeux les reflets de son regard moiré. Jeune femme enrichie des senteurs éthérées qui se dispersent tout au long de ces allées bruyamment encombrées où l'adolescente que j'étais aimait à fureter.

Mauresque romanesque à l'arabesque nostalgique dessinée sur son front et sur ses mains passées à la teinture de henné, si vous saviez comme je vous admirais vous que l'on appelle Fatima, Zora ou Aicha. Princesse des mille et une nuits, reine ou bergère, peu importe le nom que vous portez, vous étiez celle qui promène un corps gracile sur cette fresque de la ville où je suis née.

De la figue de barbarie à la grenade que je picorais à l'ombre d'un datier, à l'amande que nous craquions d'une bouche gourmande, quand nous partions vous et moi, rassasiées, danser la folle sarabande au milieu du troupeau de moutons rassemblés. Vous étiez mon amie, ma soeur de coeur, sauvageonne née là, comme moi orpheline, sur ce sol peu fertile où les djinns nous soufflaient leurs élans bienfaisants.

J’ai dans mon souvenir, votre main dans la mienne quand nous allions grimper sur le mûrier observer la chenille enrouler sur elle son rêve apprivoisé où la nymphe naissait... libérant cette fée qui transporterait nos émois.

Nous étions jeunes filles portant nos origines sur nos épaules enfantines, vous la maghrébine et moi... moi la frangine que vous embrassiez quand sur mes joues, brûlantes de vos baisers, quelques larmes séchaient. Oui, nous étions musulmanes et francaises comme il nous plaisait de paraître à ces êtres apparentés qui ne s’appropriaient ni le coeur ni l’âme et encore moins les drames venus plus tard nous soulever. Il me revient souvent en mémoire ce prénom que je vous lancais sans crier gare, et que vous souriiez vers moi le plus bel avenir, quand j’osais croire que vous et moi ne serions plus jamais séparées.

Combien j’avais tort Barka car la mort vous guettait. Elle vous happa un jour de fête où vous jeûniez, vous enlevant à moi, à ce doux sort que vous me réserviez !

Je n’ai pas oublié savez-vous nos corps épris du giron de la vie, nos rêves fous, les filles de la Lune et du Soleil que nous étions... allongées sur la dune.

loup_blanc_canada_sieste1

Tendre et bienheureuse journée à vous les p’tits loups.

Samie Louve

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