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"Lez-La-Meute" (tranquille)
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24 novembre 2005

Marc Sudret et Yves Le Pech, nos amis fiancés !

amoursBonjour les p'tits loups,

Les jours passent et le souvenir reste... celui d’une journée pas comme les autres et qui s’inscrit déjà sur le calendrier de la vie… de leur vie, mais de la nôtre aussi ! Une journée plus hivernale qu’automnale, ventée, pluvieuse et frileuse à la fois… une de ces journées où il fait bon se réfugier dans les bras de son amant et ne plus le quitter, fermer les yeux pour s’endormir à l’abri de son amour. Mais il fallait être présents ce jour là, dans cette ville qui avait installé pour la circonstance ses quartiers d’hiver. L'existence allait et venait, bruyante par endroit comme pour se réveiller de la torpeur que le froid trop pressé installait sur ses épaules. Elle se croisait ou s’emmêlait, battait le pavé mouillé respirant fortement jusqu’à s’essouffler en quittant son travail pour rejoindre son logis. Midi avait sonné à la porte de la ville, les voitures paradaient elles aussi, d’un feu à l’autre, à chaque croisement en crachant de leur ventre une épaisse fumée. Il faisait gris sur Agen en cette fin de matinée lorsqu’ils arrivèrent sur cette grande place où tout semblait soudain s’être endormi. Sortis de leur véhicule, ils demeurèrent ainsi quelques instants à observer les lieux sous le halo embrumé de quelques réverbères restés allumés auprès de platanes dont la majesté était bien installée.

La terre jaunie à leurs pieds était si compacte que les flaques en prenaient possession par endroit. Ils se tournèrent enfin pour admirer l’architecture qui leur faisait face ainsi que le grand escalier qu’ils auraient à gravir dans quelques heures. Pour l’instant, ils avaient besoin de se réconforter aussi se dirigèrent-ils tous les quatre vers un troquet confiné près du palais de justice afin de se nourrir l’âme mais aussi le corps, quelques amis s’étant joint à eux !

Ils s’y étaient préparés à cette journée ces deux hommes que toute la France connaît à présent, les représentants de la majorité d’entre nous qui souhaitent depuis trop longtemps une union entre personne de même sexe, Marc Sudret et Yves Le Pech. De leur amour naissait peu à peu ce désir de légaliser leur union, oh, non pas pour faire comme tout le monde, ce serait trop facile, car tout le monde ne la souhaite pas cette communion particulière entre deux êtres, et nul ne saurait forcer qui que ce soit à se marier s’il n’en a pas le profond désir. Mais pour Marc et Yves et pour beaucoup d’entre nous LGTB, il s’agit simplement de vivre notre amour au grand jour, le voir grandir et pourquoi pas officialisé et rendu public au regard de toutes et tous dans cette ville de Cahors où ils vivent tous deux et par-delà ses frontières dans l’hexagone tout entier. C’est ce qu’ils firent en faisant appel à la Justice afin qu’elle soit digne d’eux, de nous et nous d’elle…puisque que nous méritons au même titre que quiconque ici bas qu’elle fasse preuve de vertu morale, celle qui réside dans la reconnaissance et dans le respect du droit d’autrui !

Tous avons suivi, étapes par étapes, et dans son prolongement, grâce à divers journaux spécialisés tels que Têtu ou E-llico, des sites ou portails comme Tasse de Thé, à la radio et aux informations télévisuelles, le rêve parfois peuplé de cauchemars de nos deux amis. Combien fûmes-nous à les soutenir, très nombreux, en signant la pétition qu’ils mirent en place dès le mois d’Août dernier et tous avons largement exprimé et dévoilé à la France entière mais non seulement… au monde également combien il est essentiel pour eux mais pour nous tous, de voir aboutir notre vœu qui est celui de nous unir pour le meilleur mais aussi pour le pire. Ce vœu que certains considèrent encore aujourd’hui comme une utopie, allant même jusqu’à suggérer dans un prétoire que nous sommes manipulés et que nous n’avons que peu d’espoir de voir se réaliser ce mariage qui nous est cher. D’autres pays que le nôtre nous ont ouvert la voie, nous aidant moralement à concrétiser ce projet d’union et je l’espère bientôt politiquement. La Hollande, le Canada, la Belgique et surtout l’Espagne qui nous a devancée. Des partis politiques français nous tendent la main, et nombreuses sont les associations qui défendent nos droits.

Leur arrivée était des plus attendues, ils gravirent tous deux et une à une les marches du palais de justice d’Agen, la presse était présente, la télévision également. C'est tout aussi sereinement qu'ils pénétrèrent dans la salle des pas perdus de cet édifice, devancés par la presse qui les photographiait. La gorge nouée, souriants à quelques amis venus leur apporter leur soutien … leur espérance plus que jamais rivée au cœur, comme pour ne pas les décevoir. Ils s’apprêtaient tous deux psychologiquement en attendant de l’heure de ce jugement, qu’il ne soit pas le dernier ! La cour était en place dans cette hémicycle de la justice où ils étaient quelques uns à patienter avant que le juge ne fasse son entrée annonçant l’heure de l’ouverture de l’audience. Avocats et huissiers se faisaient la voix tandis que sur les bancs face à elle, s’installaient nos deux amis et les quelques personnes venues les assister. Le brouhaha de cette pièce était à son comble lorsqu’un marteau sur le bureau de la greffière annonça la venue de celui que tous attendaient. Et tandis que chacun se levait comme pour le saluer, Monsieur le Juge lui s’installait confortablement dans son fauteuil faisant la lecture de la séance qui allait suivre.

Cette reconnaissance passée, il fut demandé au Juge par l’une des parties, représentée par Madame Françoise Chappert, l’avocate de la ville de Cahors, que la séance soit tenue en huit clos… gros soupir de soulagement dans la salle lorsque le juge après en avoir délibéré avec ses assesseurs ordonna que celle-ci se tiendrait publiquement comme il était prévu !

Ce fut alors à l’avocate et conseillère de nos amis, Madame Martine Cajarc-Lagarrigue d’apporter son soutien au couple et de démontrer clairement à la cour avec la compétence qui fut la sienne que « rien dans le droit français interdisait le mariage entre deux personnes du même sexe », et de rajouter : « les lois françaises doivent se plier aux normes internationales qui proclament l'égalité de tous dans l'accession au mariage », rappelant également que «le droit européen prime sur le droit national », et citant « la Déclaration des droits de l'Homme de 1789, selon laquelle tout ce qui n'est pas interdit par la loi est autorisé ». Celle-ci osa jusqu’à « consacrer par la même occasion la cour d'appel d'Agen en arène du combat pour le droit des gays » en signifiant à la cour :  « Votre décision est attendue aussi bien en France qu'en Europe ». Et comme elle a raison !

J’imagine que si nous avions été plus nombreux ce jour-là, dans cet hémicycle, la justice elle-même se serait sentie bafouée lorsque l’avocat général représentant le ministère public, Monsieur Dominique Trouilhet se leva pour dénoncer notre comportement, rejetant d’un air hautain ce qui est notre choix de vie et se permettant de manière outrageante et suffisante de nous renvoyer ailleurs que dans une cour de justice pour obtenir de nos droits qu’ils soient légalisés. Nous étions là certes, mais pas assez nombreux nous les homosexuels, transexuels, bisexuels respectueux de nos droits mais plus encore de nos devoirs à écouter l’homophobie s’exprimer en toute liberté. Aucun capitaine ni généraux de notre minorité présents ce jour-là pour soutenir nos amis Marc Sudret et Yves Le Pech qui sont sortis quelque peu déboussolés de cette séance qui dura tout de même plus d’une heure. Tous nous aurions non pas défié la Justice de notre pays mais ensemble lui aurions suggéré comment faire dévier une injustice qui se permet de nous sous estimer et de nous « enfoncer » en se prenant pour Dieu le Père ! 

S’il existe des raisonnements scabreux comme l’a soutenu l’avocate de la ville de Cahors, ce sont bien les siens lorsqu’elle maintient que « le droit interne français prohibe totalement le mariage gay.» et que « c’est une évidence » étayera l’avocat général à son tour, car il n’existe aucun texte de loi en France qui interdise à deux personnes de même sexe de se marier, qu’on se le dise.

Les préjugés seuls sont de regrettables arguments mais plus encore de redoutables instruments que l’on use pour décapiter ou bien guillotiner une grande partie de la France dont toutes et tous nous les LGTB sommes les citoyens. Dans cette audience « jamais le fond de la question du mariage des couples du même sexe n'a été évoquée par le substitut du procureur, Dominique Trouilhet, ni par l'avocate du maire de Cahors Françoise Chappert qui il faut bien le dénoncer ici ne cacha aucunement son mépris vis à vis des homosexuels lors de la plaidoirie incontestablement homophobe de l’avocat général. En espérant de la cour qu'elle n'aura pas été sourde à l'écoute des plaidoiries de la partie civile qui furent autant de sermons injustifiés, malvenus et homophobes, et qu'elle saura trancher après sa délibération le 14 Décembre !

Il reste de cette journée deux garçons peinés mais aucunement désespérés de cette stupide volonté de certains d’entre nous à piétiner nos amours particulières et à faire fi des sentiments et de la souffrance d’autrui. S’ils ont été blessés en entendant ce qui se disait sur place dans cette enceinte de la justice, par un seul homme, leur volonté de se battre est intacte et il leur en faut plus pour détruire le bouclier d’amour qui est le leur. Ayant décidé de toujours faire confiance en notre justice, Marc et Yves nos fiancés de Cahors, leur avocate et nous tous, sommes persuadés qu’il n’y a pas qu’en Espagne ou ailleurs que l’on peut faire des châteaux !

Douce et heureuse soirée à vous les p’tits loups.

Samie Louve

marc_et_yves..._et_leur_avocate

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Commentaires
M
Tu étais là, toi, aux côtés de ton amour et tu es bien la seule à ce jour à avoir TOUT compris, TOUT ressenti, TOUT dit... Panne de web, je suis là, à l'agence, envoyant devant tous une réponse à ton blog que les gens qui m'entourent et me connaissent viennent lire en approuvant ! Non, là, je peux te dire que nous ne sommes pas les seuls à vouloir l'Egalité Sociale, d'autres pour bien d'autres choses, mais tous dans le même combat ! Il n'y a vraiment que Trouilhet et Chappert qui semblent avoir tou et ne réclament plus rien ! Tant mieux pour eux, mais il n'est pas dit qu'un jour ils aient, eux aussi, besoin de nous, et là, comme a dit le substitut... Qu'ils aillent se faire PENDRE !<br /> On t'embrasse, bisoux à Chloé,<br /> Marc<br /> Marc & Yves
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